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Projet #5: Flor de Leche

 

Analyse d’observation

  • Genèse de l’entreprise Flor de Leche (FDL)

Flor de Leche SRL a été créé par Stanislas C. Gillès Steverlynck en 1998 dans la municipalité d’Achocalla, près de La Paz en Bolivie.

Stanislas, de nationalité belge, est arrivé en Bolivie en 1979. Ayant réalisé des études d’agronomie tropicale, celui-ci partit travailler 18 ans dans la coopération internationale en Bolivie et créa notamment la communauté éducative Aynikusun afin de fournir et renforcer les nécessités de dialogue et d’interaction entre les communautés locales indigènes et les différentes organisations. Il fonda également sa famille et eu deux filles, Teresa, aujourd’hui 27 ans et travaillant à Flor de Leche, et Carolina, 20 ans et étudiante.

A la fin de l’année 1997, Stanislas et sa famille décident de venir s’installer dans la zone péri-urbaine de La Paz, dans la municipalité d’Achocalla. Las de devoir dépendre des financements publics pour effectuer des projets à impact social, Stanislas y recherche alors une opportunité de lancement d’entreprise sociale. Il détecte que vivent dans la municipalité de nombreux petits producteurs de lait, qui vendent leur lait sur des marchés locaux. Il décide alors de créer une entreprise fromagère qui permettrait à ces petits producteurs d’avoir un débouché sûr pour leur lait et à un prix décent. L’entreprise Flor de Leche voit le jour en 1998.

 

  • Présentation des activités de l’entreprise FDL

L’entreprise FDL produit des fromages frais et affinés et des yaourts de manière artisanale et naturelle. La matière première provient de l’Altiplano Bolivien, où les petits producteurs laitiers élèvent leur bétail dans les pâturages les plus hauts du monde.

FDL dispose également d’un restaurant « Chalet Flor de Leche » où sont utilisés les produits fromagers de l’entreprise pour confectionner les recettes (raclette, fondue, etc.). Le restaurant est ouvert seulement le week-end, et est situé dans les locaux de l’entreprise à Achocalla.

 

  • Gamme des produits FDL

La gamme des fromages produits et commercialisés par FDL est vaste. Les familles de fromages et leurs caractéristiques sont synthétisées dans le tableau ci-dessous.

 

 

FDL produit et commercialise également des yaourts dans des pots d’environ 700grammes. La gamme des yaourts comprend le yaourt naturel entier, le yaourt naturel allégé, les yaourts naturels saveurs fruits de la passion, aloe vera et moka. Les prix des yaourts varient entre 16 (yaourts naturels) et 20 bolivianos (yaourts parfumés) le pot.

Enfin, FDL produit et commercialise également du beurre (16,50 bolivianos l’unité) et du fromage en crème (16,50 bolivianos l’unité).

Les produits FDL sont vendus en direct dans les locaux de FDL (les prix des produits cités dans ce document sont ceux de la vente directe), en grandes surfaces et en magasins spécialisés.

 

  • Processus de production

La production des fromages et des yaourts combine le savoir-faire des industries fromagères européennes et les traditions ancestrales des Andes, et tente de ne pas affecter négativement les personnes et l’environnement. Dans un souci de préservation des cultures, les nouvelles technologies de production sont donc utilisées de façon raisonnée, lorsque celles-ci se mettent au service de l’homme et de la qualité. C’est pour cela que la production des fromages est encore exécutée de manière bien plus manuelle que dans les industries fromagères européennes.

Le cycle de production des fromages peut-être résumé de la façon suivante. Le lait est collecté par un sous-traitant auprès des petits producteurs de lait de l’Altiplano bolivien tous les jours. Chaque producteur fournit de façon journalière un maximum de 100 litres de lait (ceux-ci ne possèdent qu’entre 4 et 10 vaches et les conditions climatiques rudes de l’Altiplano ne leur permettent pas de fournir davantage de lait). Un test permettant de mesurer le volume de matière solide dans le lait (celui-ci doit être supérieur à 10%) est effectué par le sous-traitant lors de la collecte. Cela permet de vérifier que les producteurs n’ont pas ajouté d’eau dans leur lait.

Le lait collecté est ensuite apporté à Flor de Leche où celui-ci est d’abord pasteurisé et soumis à différents tests de qualité.

Une fois pasteurisé, le lait est acheminé dans l’unité de production. Après avoir été mélangé à une certaine température pendant un certain temps, le lait commence à fermenter. Le liquide contenu dans le lait est alors séparé du solide pour ne conserver que ce dernier. Le liquide contenu dans le lait est tout de même récupéré afin d’être redistribué à des éleveurs (qui l’utiliseront pour nourrir leur bétail) ou bien afin d’être traité de façon naturelle pour pouvoir arroser les cultures. La partie solide contenue dans le lait est ensuite placée dans différents moules à trou dans lesquels ont été placés des filtres. Les moules et leur contenu sont ensuite placés sous des presses, qui permettront de faire sortir l’intégralité du liquide afin qu’il ne reste que le solide.

Les fromages issus de ce procédé passent ensuite dans l’unité d’affinage. Ceux-ci passeront d’abord par un bain de sel pendant quelques jours. Ensuite, ils seront affinés plus ou moins longtemps (pas d’affinage pour les fromages frais, jusqu’à plus d’un an d’affinage pour les fromages tels que les Roca del Illimani). Certains fromages comme l’Edam subissent un traitement particulier puisqu’ils sont recouverts de paraffine rouge.

Une fois les fromages prêts, ils passent dans l’unité d’emballage où ils seront coupés, pesés, emballés et étiquetés.

Les fromages sont ensuite prêts à être commercialisés.

Il est intéressant de souligner que le processus de production des fromages est soumis à de strictes normes d’hygiène et de qualité. Par exemple, dans l’unité de production, le lavage de tous les instruments ainsi que des mains et des tabliers des employés doit passer par 6 bassins consécutifs (eau chaude, eau chaude savonneuse, eau froide, eau chlorée, etc.).

 

  • Ressources humaines

L’entreprise FDL emploie aujourd’hui directement 45 employés dans ses locaux.

Indirectement, FDL fait également travailler quelques 200 familles de producteurs de lait ainsi que les familles qui récupèrent le liquide contenu dans le lait et des artisans liés à la production laitière. FDL emploie également plusieurs stagiaires sur une durée limitée.

Les employés de l’entreprise se répartissent comme présenté dans l’organigramme ci-dessous.

 

 

L’organisation de l’entreprise est innovante puisqu’elle tente de fonctionner sur un modèle alternatif, un modèle collaboratif. En effet, FDL a mis en place des « Groupes d’amélioration » dans chacune des unités. Il existe un groupe unissant les unités de production des yaourts et de pasteurisation, un groupe unissant les unités emballage et affinage, un groupe de l’unité de production, un groupe de l’unité d’administration. Chacun des groupes se réunit une fois par semaine afin d’améliorer de façon continue ses procédés. Chaque groupe d’amélioration dispose d’un leader chargé de se réunir hebdomadairement avec les leaders des autres unités afin de dresser un bilan des différentes avancées. Toutefois, ces groupes d’amélioration sont autant une force qu’un point faible. En effet, les problèmes apportés par ces groupes ne sont pas toujours résolus et il peut en résulter une sorte de frustration auprès des employés qui ne voient pas forcément de solutions apportées par les groupes d’amélioration.

Ce problème peut être expliqué par la forte rotation des employés de l’entreprise, autre point de difficulté auquel doit faire face le département des ressources humaines. En effet, les nouveaux employés n’ont pas forcément cette culture d’apport de solutions et ne sont pas non plus familiers avec un tel type d’organisation.

La rotation importante des employés au sein de l’entreprise peut s’expliquer par des salaires trop peu élevés et un niveau d’implication à la cause sociale de l’entreprise trop faible. C’est en effet un défi particulièrement important que de réussir à impliquer de façon plus importante tous les employés de l’entreprise à sa cause sociale, certains d’entre eux ne sachant que trop peu l’impact qu’a FDL au niveau économique, social et environnemental.

 

  • Impact éco-social de l’entreprise FDL

L’entreprise FDL est une entreprise éco-sociale. Cela s’explique par sa mission, sa vision, ses valeurs et sa politique de qualité.

L’entreprise définit comme suit ces quatre piliers :

Mission : « Nous sommes une entreprise éco-sociale, entièrement responsable et soutenable, qui cherche à inspirer et interagir au niveau local et national, en mettant l’accent sur la dimension éducative pour une meilleure qualité de vie. »

Vision : « Organisation productive éco-sociale en recherche permanente d’une meilleure qualité de vie offrant une large gamme de produits laitiers sains et gourmets. »

Valeurs : « Intégralement responsable et soutenable, FDL se doit de se concentrer sur les facteurs humains, économiques, sociaux, environnementaux, spirituels et culturels. »

Politique de qualité : « Elaborer de façon artisanale des produits laitiers gourmets naturels et des produits sains pour tous en favorisant l’usage de produits et de pratiques respectueux de l’environnement à travers toute la chaîne de valeur. Rechercher l’excellence grâce à l’amélioration continue des procédés dans toutes les unités de l’entreprise, notamment à travers des ressources humaines. Dans le cadre de cette politique de qualité, respecter toutes les normes légales en vigueur et les attentes des clients tout en prenant en considération les limites environnementales. »

 

Ces définitions formelles se traduisent concrètement par différentes actions que l’entreprise FDL a mises en place au cours de ses 17 ans d’existence.

Sur le plan économique d’abord, l’entreprise est rentable et souhaite dédier un pourcentage de ses bénéfices à des causes sociales. Plus précisément, FDL souhaite diriger un minimum de 10% de ses bénéfices à des projets d’entrepreneuriat social ou à des projets d’éducation locale. En outre, l’un des objectifs de l’entreprise est d’être auto-soutenable, pour ne pas avoir à dépendre de financements externes (publics ou privés).

Sur le plan social, FDL souhaite apporter à ses employés, fournisseurs (petits producteurs laitiers) et parties prenantes (clients, organisations, communauté, etc.) une qualité de vie décente. Concernant la relation avec les petits producteurs laitiers de la région fournissant à l’entreprise sa matière première, FDL tente d’instaurer une relation forte de confiance, via le dialogue, en les sensibilisant notamment aux thèmes environnementaux (importance de donner une nourriture naturelle et de qualité à leurs bovins par exemple) pour obtenir la meilleure qualité possible de leurs produits. Au niveau local, l’entreprise a aidé au développement de l’organisation municipale des producteurs laitiers APROLMA. Au niveau national, FDL fait partie des réseaux ANDIL et AOPEB (Association des organisations de producteurs écologiques de Bolivie). C’est en agissant simultanément sur ces deux niveaux que FDL cherche à avoir un impact maximal pour aller vers une production plus respectueuse des hommes et de l’environnement. Concernant la relation avec ses parties prenantes, FDL est très actif de façon externe et souhaite inspirer, aider, sensibiliser et éduquer. L’entreprise travaille par exemple avec la municipalité et les organisations sociales à la création et à l’élaboration des « Cartes Ecologiques ». Cela a permis de construire de façon conjointe une nouvelle vision, de créer une « Municipalité Ecologique, Productive et Touristique » et d’implanter la « Révolution Educative ». FDL a également développé de nombreux espaces éducatifs, et notamment l’espace culturel Taypi. Enfin, l’entreprise FDL maintient une attitude de « portes ouvertes » en encourageant les visites de l’entreprise ainsi que les échanges, comme en témoignent les nombreux accords entre FDL et les universités (école d’ingénieur UMSA, collège Mejillones, Swiss contact, etc.).

Sur le plan humain, FDL favorise le travail en équipe et la formation continue de ses ressources humaines. Cela se traduit concrètement par les « groupes d’amélioration » qui existent dans toutes les unités de l’entreprise (production, affinement, emballage, etc.) et qui se réunissent de façon hebdomadaire pour améliorer ensemble et de façon constante les procédés de production. L’objectif de ces groupes est tant de rechercher une qualité optimale des produits que de diminuer au maximum l’impact écologique de la production. Lorsque des avancées concrètes sont réalisées et de nouveaux procédés implantés, l’entreprise reconnaît cela publiquement et diffuse les bonnes pratiques auprès des employés de toutes les unités, via notamment des panneaux d’affichage. Un leader est nommé au sein de chaque « groupe d’amélioration » (il peut s’agir de n’importe quel employé du groupe). Les leaders de tous les groupes se réunissent également de façon hebdomadaire pour faire le bilan de leurs avancées et partager les bonnes pratiques au sein des autres unités (comité opérationnel). Sur le plan humain, FDL souhaite aussi conserver les traditions locales. Cela se traduit au niveau technologique par un effort continu pour utiliser à la fois des savoir-faire ancestraux et des techniques innovantes pour l’élaboration de leurs produits. Du point de vue de l’entreprise, c’est la technologie qui doit se mettre au service de l’homme et des traditions et non l’inverse. Aussi les procédés de production de leurs produits sont-ils hautement manuels et artisanaux (bien plus que dans n’importe quelle autre fromagerie industrielle). Enfin, le bien-être des employés au travail se veut une priorité. Cela est notamment illustré par le fait que tous les employés prennent leur petit déjeuner et leur déjeuner ensemble. Ces repas sont assurés par une cuisinière embauchée par l’entreprise qui assure notamment le caractère équilibré de ceux-ci. En outre, une heure est consacrée au sport ou à un temps de formation sur un thème spécial tous les mardis. Un voyage annuel est aussi proposé à tous les employés afin de renforcer la culture d’entreprise et le bien-être. L’inclusion fait également parti des actions notables de FDL sur le plan social : plus de 75% des employés sont des femmes, et les personnes travaillant pour FDL proviennent de milieux sociaux et éducatifs différents.

Sur le plan environnemental, l’entreprise cherche à utiliser de façon rationnelle ses ressources (renouvelables et non-renouvelables). En particulier, FDL travaille à trouver et mettre en place des solutions innovantes et alternatives de traitement de ses déchets. Par exemple, l’entreprise a mis en place tout un système de traitement de ses déchets liquides (la part liquide contenue dans le lait, écartée lors du processus de fabrication du fromage). Le liquide est d’abord stocké afin d’équilibrer le Ph. Une partie est ensuite donnée aux éleveurs voisins afin de pouvoir nourrir leurs animaux. Une autre partie est traitée de façon naturelle, grâce au passage du liquide dans différents bassins contenant des grains de sable de calibres différents qui éliminent peu à peu tous les micro-organismes. L’eau récupérée est finalement utilisée pour arroser les cultures biologiques appartenant à la famille du fondateur de l’entreprise. Pour mettre en place ce système, des travaux ont été faits par des étudiants issus de l’université d’ingénierie avec laquelle FDL a un partenariat. Le tri des déchets solides est aussi instauré dans l’entreprise et un système de toilettes écologiques est en place. Les déchets organiques récupérés sont utilisés pour nourrir les animaux de la famille de Stanislas (déchets de fromage par exemple) ou pour faire du compost utilisé ensuite pour les cultures de la famille (déchets de toilettes sèches par exemple, transformés grâce à la lombriculture). Enfin, FDL dispose d’infrastructures en harmonie avec le milieu rural dans lequel l’entreprise est implantée, et en harmonie avec l’environnement (les murs des bâtiments sont faits à partir d’un matériau biodégradable).

 

 

 

Notre Travail

  • Immersion

Dans le cadre de notre projet, nous nous sommes immergées dans l’univers de l’entreprise Flor de Leche pendant près de 10 jours. Logées sur place dans un chalet tenu par Stanislas et sa famille, nous avons pu à la fois échanger avec les gérants de l’entreprise et connaître leur vision, mais également partager l’expérience des employés, en participant notamment à leur déjeuner, en travaillant dans les différentes unités de production de fromage (production, affinage, emballage, etc.) et en dispensant un atelier de formation d’une heure sur le thème du modèle d’entreprise eco-sociale.

 

  • Mission de communication

Notre aide à l’entreprise en termes de communication a consisté en la réalisation d’une vidéo. En effet, FDL est réticent à faire de la publicité de masse. Il en résulte des lacunes en termes de communication, comme le prouve la méconnaissance de ses propres employés du modèle éco-social de l’entreprise. Cela est également lié à un important turn-over de ses employés.

La vidéo avait donc pour objectif de présenter le modèle éco-social de l’entreprise FDL afin de pouvoir informer mais surtout inspirer d’autres personnes à entreprendre socialement.

Pour réaliser cette vidéo, nous avons d’abord rassemblé et organisé tous les impacts éco-sociaux de l’entreprise. Ceux-ci ont pu s’organiser en 4 catégories : impact économique, impact social, impact humain et impact environnemental. Pour chacun de ces impacts, nous avons effectué une interview avec une personne de l’entreprise.

 

  • Hold-Up

Nous avons également organisé un Hold-up d’idées le 06 juin 2015 dans les locaux de FDL à Achocalla. Cet atelier avait pour objectif de résoudre le défi : « Comment impliquer les employés de l’entreprise sur le thème éco-social de FDL ? ». L’objectif était de réunir tous les employés autour de la mission et de la vision éco-sociale de l’entreprise, pour qu’ils se rendent comptent de l’impact qu’ils ont et à quel point le modèle de l’entreprise FDL est unique et différent. L’objectif ultime étant de faire des employés FDL des ambassadeurs du modèle productif éco-social de l’entreprise. Au total, 24 personnes ont participé. La diversité des participants (6 personnes externes à l’entreprise, personnes internes de tous âges, de toutes unités et fonctions) a permis d’obtenir des solutions alternatives variées et intéressantes au défi proposé.

En particulier :

1- « Apprendre à bien vivre »

Par groupes d’employés, imaginer la mise en place de projets sociaux dans la municipalité d’Achocalla. Les projets pourront traiter de thèmes sociaux divers, comme de culture, de sport, d’art, etc. Les groupes présenteront ensuite leur projet devant un jury et les favoris seront sélectionnés pour être ensuite mis en place. L’idée est que le concept éco-social puisse murir au fur et à mesure du développement et de l’implémentation du projet, tout en bénéficiant à la communauté d’Achocalla.

2- « Un jour à Flor de Leche »

Un employé dans chaque unité est choisi pour former ensuite un groupe d’employés issus de chacune des unités de l’entreprise. Le groupe pourra ensuite imaginer et développer un événement créatif sur ce que représente pour eux la vision éco-sociale de l’entreprise. L’idée est de pouvoir exprimer de manière créative ce qu’évoque pour eux le modèle de FDL. Car en effet, le concept éco-social peut souvent apparaître comme étant quelque chose d’abstrait. Cette solution permettrait de concrétiser l’idée du concept, tout en faisant quelque chose d’agréable et d’amusant.

3- « Une famille, un monde meilleur »

Organiser un barbecue entre les employés et leur famille afin de pouvoir parler du concept éco-social de l’entreprise. L’idée est de mettre en valeur et de faire jouer un rôle à la famille dans le processus d’entendement du concept éco-social. L’événement serait organisé par un ou plusieurs groupes d’employés.

4- « Des défis qui laissent des traces »

Diffuser ce que Flor de Leche fait de différent par rapport à une autre entreprise comparable. Il pourrait notamment s’agir de diffuser des informations sur la production artisanale et de qualité ou sur les efforts faits en termes sociaux et environnementaux. Cela permettrait non seulement aux personnes internes mais aussi externes à l’entreprise de mieux comprendre le modèle éco-social de l’entreprise FDL.

 

  • Atelier de formation

L’entreprise FDL dispense des ateliers de formation (ou un temps destiné au sport) tous les mardis après-midi. Dans ce cadre, il nous a été proposé de réaliser un atelier de formation d’une heure afin de sensibiliser les employés à la thématique éco-sociale à travers notre expérience du projet Food Sense Tour. Nous avons donc organisé un atelier en deux temps : un premier temps de présentation des différents projets sociaux avec lesquels nous avons travaillé au Chili, en Argentine, au Paraguay et au Brésil ainsi qu’une présentation résumée des différentes solutions proposées lors du Hold-Up réalisé à FDL. Le second temps était participatif. Par groupes d’employés, ceux-ci devaient remplir en un temps très court (10 minutes) le tableau suivant :

 

Chaque groupe présentait ensuite son tableau devant les autres. L’idée était de faire réfléchir les employés au concept éco-social de manière ludique, d’abord en leur montrant que d’autres entreprises dans d’autres pays sud-américains reposent sur des modèles éco-sociaux, ensuite en les faisant réfléchir à l’aide d’une comparaison aux impacts sociaux qu’a l’entreprise FDL. En outre, aller au-delà du Hold-Up en faisant choisir aux employés leur solution favorite et en leur faisant travailler très rapidement un mini-plan d’action avait pour objectif d’impliquer encore plus les employés sur une action éco-sociale. Cela a également permis de faire ressortir une vision critique des solutions proposées.

En effet, le travail participatif des employés au cours de l’atelier a permis de faire ressortir les conclusions suivantes :

  • Tous les employés ne savent pas avec précision ce que signifie l’impact éco-social de l’entreprise. En effet, l’un des groupes ayant choisi l’entreprise Reciclando Aceite n’a pas su trouver d’impact social que FDL a et n’a pas l’entreprise. Cela signifie que tous les impacts sociaux, travaux d’éducation, efforts humains n’ont pas été considérés.

  • La majorité des employés a tout de même su trouver des points communs et de différence avec l’entreprise choisie. Ont notamment été cités : le travail communautaire, le système de traitement des eaux usées, etc.

  • Les choix des solutions du Hold-Up se sont tournés vers les solutions 2 et 4. A savoir, un groupe d’employés dont chaque membre est issu d’une unité qui devrait travailler ensemble à l’organisation d’un événement créatif sur ce à quoi leur fait penser le concept éco-social de FDL. Et diffuser ce que FDL fait de différent (production artisanale, actions sociales et environnementales, etc.).

Recommandations

  • Tout d’abord, il nous semble important de souligner de faire attention à ne pas confondre publicité excessive et communication. Aujourd’hui, l’entreprise n’est pas favorable à la publicité massive, trop capitaliste selon elle. Il en résulte que les activités sociales de l’entreprise ne sont pas forcément connues du grand public, ni des employés en interne. Il est du droit de l’entreprise de refuser la publicité massive, mais il est tout de même important de bien communiquer sur ses activités, ses produits de qualité et ses efforts en matière d’impact éco-social. Pour faire cela, des moyens (humains, financiers) se doivent d’être mis en place.

  • Concernant le fait que la plupart des employés ne sachent pas ou ne soient pas sensibles et engagés par rapport aux actions éco-sociales de l’entreprise, des solutions doivent être envisagées. En effet, pour qu’un tel modèle d’entreprise fonctionne, il en va de sa survie que celui-ci soit intégré par tous ses employés. Une bonne communication sur le modèle éco-social de l’entreprise doit d’abord être faite auprès des employés. Cela peut passer par la diffusion d’une vidéo sur le modèle éco-social de l’entreprise, ou par un événement organisé par et pour les employés sur le même thème. D’autres supports de communication peuvent également être envisagés, comme des pancartes dans l’entreprise, des mails d’information, etc.

  • En outre, il apparaît, de l’expérience que nous avons pu avoir, que les employés sont réceptifs aux ateliers de formation sur le thème éco-social. Poursuivre et développer le travail allant dans ce sens pourraient donc être intéressant et apporter des résultats visibles. Faire varier les intervenants, mais également les méthodologies de travail (lier théorique et pratique, travail participatif, créatif ou ludique, etc.) sont certainement des facteurs de succès afin que tous y trouvent leur compte et ne se lassent pas de participer à ce type de formation.

  • Concernant l’organisation des ressources humaines de l’entreprise, les groupes d’amélioration semblent être une façon efficace et originale de bon fonctionnement de l’entreprise. Toutefois, il est important que ce modèle continue de fonctionner de la même façon qu'il a été créé, à savoir trouver conjointement des solutions aux problèmes soulevés dans les différentes unités. Aujourd’hui, il semble que cela soit en train de se perdre, et il est important d’y remédier. Aussi recommandons-nous de chercher une solution à ce problème, peut-être en abordant ce thème lors d’une réunion entre les différents leaders des unités, ou lors de la réunion du comité opérationnel. Peut-être ce problème peut-il aussi faire l’objet d’un atelier où participeraient tous les employés. Enfin si aucune solution n’est trouvée, il est possible d’implanter en dernier recours une règle corporative selon laquelle chacun des problèmes soulevés serait rigoureusement répertorié et se devrait d’être résolu sous un certain délai en fonction de son degré de difficulté.

  • Concernant la gamme de produits, celle-ci est aujourd’hui gourmet et donc seulement accessible à un certain marché (consommateurs les plus aisés). Cela est aligné avec la vision de l’entreprise qui entend vouloir valoriser des produits locaux basiques en prouvant que ceux-ci peuvent être gourmet. Toutefois, il peut sembler intéressant du point de vue social de développer une gamme de produits plus accessibles afin de démocratiser des produits locaux et de qualité.

  • Enfin, l’entreprise FDL se doit de continuer à développer les projets environnementaux et sociaux en ligne avec son cœur de métier. Par exemple, le projet de développer une boisson énergisante à bas coût faite à partir du liquide contenu dans le lait (écarté lors de la production de fromage) semble très intéressant. C’est ce développement perpétuel de solutions alternatives à impact positif qui fait toute la richesse de FDL, et il est important que cela soit maintenu.

 

 

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